
Photo bleutée d'un cadran de tableau de bord.
Il fait 39° sur Bruxelles à 17h31 et j'écoute avec une appli la chaîne de radio publique grecque ERA Kosmos. Qui me fait m'évader vers mon pays de coeur en me laissant bercer par la langue des animateurs et animatrices et en me rinçant les oreilles avec les musiques du monde entier... du "Kosmos".
Mais je les écoutais avec quelques larmes qui coulaient sur mes joues. L'air conditionné de la voiture les a empêchées de sécher instantanément. Je les ai brièvement écartées de ma main.
...
Peu de minutes auparavant, en sortant d'un rendez-vous médical, je vois et j'entends une jeune fille à l'articulation hasardeuse. Au travers de la haie, je voyais ses mains qui dévoilaient aussi une malchance de la vie, de la naissance. Elle parlait à un homme. Je ne savais qui elle regardait tant son regard était également trouble. Je vois un gars en "uniforme" s'approcher. Sourire et manches courtes. C'est un chauffeur de taxi. Elle a dû l'appeler avec son portable ou... était-il là par hasard ?
Cette fille était en chaise roulante, en plein soleil, sous 39° avec... le pneu droit complètement crevé.
Je suis retourné au centre de soins d'où je sortais, j'ai rempli très vite un verre à la fontaine d'eau et l'ai rejointe. "Un peu d'eau, non ?", lui ai-je demandé.
Son sourire et sa précipitation à prendre dans ses mains branlantes le gobelet ont suffi à me faire comprendre combien elle appréciait le geste. Même si ses mots restaient brouillons.
Mais son regard rempli de "mercis" était limpide.
"Au revoir et attention à la chaleur !". "Me'ci." Et un autre "Merci" lancé avec sincérité par le chauffeur de taxi qui terminait de l'embarquer dans son gros véhicule. Je me suis simplement assuré qu'il avait "l'air-co" avant de m'en retourner vers ma voiture et de brancher "Kosmos", puis, m'en aller.
Ce simple instant de chaleur humaine m'a fait fondre le temps de 3 à 4 minutes. J'ai laissé mes yeux se mouiller. J'ai savouré cet instant. Ce moment d'une personne non-valide qui, sous 40 degrés quasi, ne se plaignait même pas. Juste son pneu crevé qu'il fallait bien réparer.
Le nom de ce blog n'est pas un hasard. Ce sont bien "Des mots d'instants".